"Cet ouvrage sur la mémoire de la guerre d’Algérie a été rédigé en 1990-1991. Trente ans après l’indépendance de l’Algérie, j’ai tenté de montrer comment cette guerre ne se finissait pas, dans les têtes et dans les cœurs. Parce que, de part et d’autre de la Méditerranée, elle n’a pas été suffisamment nommée, montrée, assumée dans et par une mémoire collective.
La mise en mémoire qui devait permettre l’apaisement par une évaluation rationnelle de la guerre d’Algérie a été « empêchée » par les acteurs belligérants. Le lecteur verra comment se sont mis en place les mécanismes de fabrication de l’oubli de ce conflit inavouable ; comment les « événements » qui se sont produits entre 1954 et 1962 ont structuré en profondeur la culture politique française contemporaine ; comment une frénésie de la commémoration de la guerre, en Algérie, a fondé une légitimité militaire étatique, appuyée sur un parti unique.
En France, un oubli de la guerre, et en Algérie, un oubli de l’histoire réelle pour construire une culture de guerre…Bref, cet ouvrage d’histoire, La Gangrène et l’Oubli, entendait ne pas perdre de vue l’injonction de Freud, « N’oubliez pas l’oubli ! », en proposant une réflexion sur le décalage entre ceux qui doivent légitimement oublier pour continuer à vivre après la guerre d’Algérie, ceux qui souffrent de cruelles réminiscences, et ceux qui ne supportent plus, de part et d’autre de la Méditerranée, les trous de mémoire voulu, volontaire de cette guerre." (Université Paris XIII, http://www.univ-paris13.fr/benjaminstora/premieres-pages/178-la-gangrene-et-loubli-la-memoire-de-la-guerre-dalgerie) |